PETRETO

U PITRETU


Le village s'étage au-dessus de Bicchisgià, l'habitat primitif s'étant fixé sur des éperons rocheux : abris sous roches ou cabanes dominés au XIIe siècle par le château des Orezzaci : Pitreto cité parle chroniqueur Ceccaldi. De cette époque il ne reste que l'emplacement présumé du château. Mais on trouve, par contre, dans chacun des quartiers des maisons édifiées en moellons de granit plus ou moins taillés qui semblent remonter au XVe-XVIe siècle par l structure des murs et les détails architecturaux que sont les linteaux sur corbeaux. Des réemplois (archivoltes) témoignent d'une présence ecclésiale plus ancienne. 

Le quartier Scalglia Grossa (amas de rochers) est installé en surplomb comme une proue dont l'église San Nicolau occupe la tête : site défensif sans doute fort ancien. La vue est splendide. l'église actuelle, reconstruite dans les années 1870, occupe le même emplacement que l'ancienne (cadastre de 1866) mais son plan à nef simple est à l'image, semble-t-il, de celle du couvent franciscain détruite. Le mobilier provient de ce dernier dont le remarquable maître-autel en marbre polychrome, surmonté d'un tabernacle lui aussi en marbre à colonnes corinthiennes, statuettes et dômes lorsqu'on sait qu'on en a produit en série ou presque dans les ateliers de Toscane ou de Ligurie et qu'on en trouvait dans tous les couvents franciscains de Corse comme il en reste à Vico, à Sarrola (couvent de Mezzana), on ne peut s'empêcher d'être ébloui par la qualité des matériaux -marbre teinté,  vert,  rouge et noir du décor végétal ou blanc des têtes d'anges, de la Résurrection du Christ au sommet du tabernacle- par le déploiement des formes -trois étages de gradins- et par la maîtrise du dessin. Il est classé monument historique. La tradition dit qu'il fut démantelé en une nuit quand le couvent fut vendu comme bien national, au moment de laRévolution française puis réinstallé dans l'église paroissiale par la population de Pitretu. Dès les XVIIe-XVIIIe siècles, des statues en bois de Saint François, Sainte Caire et de la Vierge -Immaculée Conception- un Christ en bois à l'expression sereine. Dans la nef à gauche, un petit autel baroque est décoré en marbre polychrome mais dégradé et de moins belle qualité que le maître-autel. Un tableau de la Vierge au Rosaire, encadré par différents mystères, comme on en trouve souvent dans les églises corses, a été restauré récemment. Dans la chapelle de droite dédiée à Saint Michel, une petite inscription porte le blason des Colonna d'Istria.

Le presbytère, édifié en 1677 porte les armoiries du curé : 1672 Plebanus Cruscabiæ (Pievan de Cruscaglia). Le bâtiment a été entièrement restauré en 1861. Proche des murs vétustes.

La route qui nous permet de gagner par paliers les noyaux anciens a détrôné l'ancien réseau de chemins et créé d'autres espaces. Il faut la quitter dans le virage, près d'une fontaine, pour atteindre le quartier d'A Casalonga juché plus haut. . Une première rangé de maisons accolées présente une archivolte visible de la route. Suit une autre maison intéressante et on arrive par le bas A asalonga, toute en longueur comme son nom l'indique, ensemble composite de maisons juxtaposées. Encore une archivolte, en réemploi évident au-dessus du linteau dune porte alors qu'à l'arrière une pierre en granit à gros grains porte la date 1549 suivie sans doute du mois. Sous une voûte plus récente qui soutient des en pierre perrons, les anciennes portes ont des encadrements massifs en pierres travaillées.

Revenons sur nos pas et continuons de monter sur la route. Sur la droite, une modeste Torra au lieu-dit Marcantonaghja : un mâchicoulis quelque peu éventré domine une fenêtre bouchée. 

Au quartier A Crecella, l'ancien chemin se détache de la route. En contrebas, présente à l'étage de sa façade, au-dessus du perron auquel accède l'escalier extérieur, une pierre carrée porte des armoiries. Malgré l'érosion de la pierre, on y voit un arbre épanoui avec, de part et d'autre de son tronc, deux animaux, tête, pattes et queue. Un réemploi ? Blason de quelle famille ? Si nos contournons la rangée, côté vallée, se découvre un mur ancien avec une archivolte.

Reprenons le chemin qui mène, parallèlement la route, vers U Chiaronu. C'est un groupement de maisons aux détails intéressants : une tourelle d'angle (ancienne échauguette ?) des murs énormes à la base, un appareil soigné à l'angle d'une maison ou cette potence en àrganu de pignon au beau profil humain. En descendant plus bas, à U Furreda, une autre rangée de demeures anciennes, basses avec un angle de mur arrondi.

Le quartie A Zirulina est bâti sur due gros rochers. Si on l'atteint par la route, après le virage de la croix, il semble dégringoler la pente. Il est dominé parle quartier Figaracciaoù la Casa Giacomini, perchée sur l'éperon, a pu être construite au XVIIe siècle. La base est austère alors qu'au premier étage, le pignon s'orne d'une fenêtre maestra encadrée de deux niches et de deux branchetti, potences de pierres, les appuis de l'ouverture et des niches étant moulurés.De même, la façade qui regarde la montagne est parée de trois niches, d'une fenêtre à appuis moulurés  et de deux branchetti. Assurément une belle demeure de notables de l'époque. 

A Foce, il ne reste rien du château médiéval, si ce n'est un site remarquable.

Vignola

À la sortie de Bicchisgià, en prenant la route de Serra di Ferri, au lieu-dit I Croci, une chemin vers la droite conduit à Vignola. Au bout une imposante demeure ruinée, envahie par la végétation dans un paysage bucolique de près, de chênes et d'oliviers. La Torra, sur la défensive avec ses meurtrières, possède sur un pignon, au-dessus de la porte d'entrée, les armoiries des Colonna d'Istria ; surmontées d'un cadran solaire, et de l'inscription IHS. Cette antique demeure est appelée La maison des moines.


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