Le couvent de Petreto Bicchisano


Le couvent

On peut l'atteindre à pied par l'ancien chemin de Bicchisgià à Pitretu qui par de la RN 196 ou par la route qui monte à Pitretu.

C'est sans aucun doute le plus bel édifice conventuel conservé en bon état dans la région. Il est érigé sur un site magnifique qui domine des collines qui descendent  vers la vallée.

Si le testament de Vincentello d'Istria  du 8 mai 1537  prévoyait sa construction, la première pierre ne fut posée qu'en 1591 et il ne fut édifié qu'entre 1601 et 1613 avec la participation de toute la communauté. La construction répondait aux vœux des seigneurs feudataires qui voulaient en faire un maillon de leur mainmise sur les populations. Comme il était situé sur la route de transhumance vers la piaghja du Taravu, les troupeaux y trouvaient des abreuvoirs et les moines prélevaient leur dîme.

La configuration était celle des couvents franciscains corses : trois bâtiments dispensés en U sur une terrasse aménagée. Dans l'aile ouest, l'étage supérieur était occupé par le dortoir, divisé en deux parties séparées par un couloir central sur lequel s'ouvraient les cellules. Chacune d'elles comportait une fenêtre, une cheminée et un placard dans le mur. À l'extérieur, sur la façade qui regardait les villages, un appui  mouluré souligne le bas de la fenêtre de la cellule dite du prieur. Le promenoir, en dessous, était sous des voûtes d'arêtes. Cette aile a été transformée au XIXe siècle pour élever des vers à soie, en mégisserie et les "murs-cloisons" séparant les cellules on été abattus. La toiture à la longue s'est effondrée puis les voûtes. La réfection de ces ailes qui a nécessité un gros effort financier a rendu au couvent sa majesté.

Alors que l'aile sud qui servait de résidence aux propriétaires a mieux résisté , le bâtiment situé à l'est a disparu : il était occupé par l'église conventuelle où étaient enterrés les Colonna d'Istria. L'arca qui se trouvait au départ de l'aile est, vers le sud, servait de sépulture à de nombreux habitants de la pievi.

Devant l'église s'étendait une vaste place. Aujourd'hui, c'est un champs planté d'oliviers latins au tronc droit. Rappelons que le couvent était le seul lieu assez vaste pour recevoir des hôtes de passage, tenir des assemblées ou caserner des troupes. Il est sur la grande voie de passage d'Ajaccio à Bonifacio. Aussi loua-t-il un grand rôle politique te militaire. La révolte féodale* du début du XVIIe siècle y a couvé : lors du soulèvement des populations en 1613, c'était un lieu de rencontres, d'asile pour le bétail. Des consultes y eurent lieu pendant les Révolutions de Corse, en 1753, 56, 58. Le chancelier du roi Téodore, Sebastianu Costa, y est passé lors d'une tournée dans le Delà-des-Monts. 

La vie spirituelle y connut de grands moments, avec le frère Paolo Olivesi, grand théologien, et comme centre de formation franciscain (son importante bibliothèque fut malheureusement dilapidée). Après la Révolution, il connut le sort de tous les couvents qui étaient les seuls endroits où l'on pouvait caserner les troupes, la gendarmerie avant de devenir résidence et exploitation agricole.

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La fondation du couvent

"Le dimanche 12 mai 1591 dans le le lieu-dit Il Corso fut plantée la croix d'un nouvel établissement de monastère de San Francesco, dans la Signora d'Istria". Y assistaient le Père provincial en compagnie de trente six frères.

"Dans la matinée on chanta la messe à l'église de Nunziata de Bicchisgià, avec la prédication de P. Guido de Tallà. La messe terminée, on partit en procession de la dite Nunziata en passant par la torra du Magnifico Signor Gio Geronimo, la Casa Vecchia et la Torra du Magnifico Gio Valerio pour arriver au lieu-dit Il Corso.

"Le nombre de gens qui étaient à la procession était au nombre de 1500 personnes". Une estrade fut montée, d'où un Père franciscain prêcha, en soulevant l'émotion de la foule sur le mystère du nouveau lieu et la dévotion à la croix nouvellement plantée.

Après la bénédiction du peuple, des villages et du diocèse, "les pères présents appelèrent les Magnifici Signori Gio Geronimo, Gio Maria, et Gio Valerio, frères et fils du  Magnifico Signore Giulio, ainsi que les gentilshommes et procurateurs de la Seigneurie qui les accompagnaient et leur demandèrent de promettre de maintenir ce lieu comme si c'était leur bien propre et de donner de quoi manger, se vêtir et se chausser aux révérends Frères qui y habiteront et de les défendre contre les injures et les violences". Les Pères promirent en échange de prier nuit et jour pour toute la seignerie d'Istria et de faire en leur intention toutes maisons, dévotions, messes, jeûnes".

Après quoi, les Frères allèrent  dîner dans la maison de l'Illustre Signore Gio-Valerio ( à Torra Suttana, vraisemblablement), tous les Signori ayant participé aux dépenses du repas. Après le dîner, le Frères s'en retournèrent en Ornano et au-delà.

Ce document fut transmis par le Frère Diego Doria qui l'avait trouvé dans le couvent d'Ornano en 1630 puis recopié au XVIIIème siècle par le curé doyen de Petreto (il se trouvait alors dans la maison de Jules César Colonna d'Istria), (KYRN magazine N° 368 - Du 12 au 18 juillet 1991).

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La Giunta et Pascal Paoli 

Le couvent fut également le siège de la Giunta pour les pièves d'Istria, Ornano et Talavo, et pour la province de la Rocca ;


*Lire "Les feux de la Saint-Laurent" d'Antoine-Marie Graziani et José Stromboni, (Éditions Alain Piazzola.)


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