GénérationS des Amis

Paulin Colonna d'Istria

Les chemins de l'honneur


Paulin  Colonna  d'Istria  est  né  à   Petreto- Bicchisano le 27 juillet 1905. Avec son frère, Nicolas (1), il passe son enfance en  Algérie. C'est pour lui la deuxième terre. Celle où son père servait dans  la  gendarmerie.   Toujours il  se  considèrera  comme  fils de   l'Algérie autant que fils de Corse.  Enfant  de  troupe, comme son frère aîné, il s'engage  à  18 ans au 23e régiment de tirailleurs  Algériens avec lequel il participe à  la  guerre  du  Rif  (1925- 1926). Reçu  à  l'école  militaire   des  élèves officiers d'infanterie de  Saint-Maixent,  il  de-

vient à son  tour  officier  de  gendarmerie  et occupe  divers  postes  en  métropole  et  en Afrique  du  Nord. L'année  1943  scellera  la destinée du jeune capitaine alors  adjoint  au général   commandant  la   gendarmerie   en  Afrique    du   Nord.   Le   général     Giraud,  coprésident avec  le  général  de  Gaulle  du  Comité Français de  Libération Nationale (2), l'investit d'une mission en Corse occupée par 80000  soldats  italiens.  En   avril   1943,   il devient   ainsi   après   Roger  de  Saulle,  le nouveau  chef  de  la mission  "Pearl Harbor" arrivée dans l'île le 14 décembre 1942 avec le sous-marin  Casabianca.   Près  de  l'embou- chure du  Travo,  dans  la nuit du 3 au 4 avril 1943,  un  sous-marin  britanique  embarque

le  commandant  de Saule et débarque le capitaine de gendarmerie Paulin Colonna d'Istria. Pierre  Griffi (3),  l'ingénieur Roger Doudon, Milelli de Venaco et deux mem- bres  du  Front  National   dont  François Carli origi­naire d'Azilone, font partie de l'équipe de réception.

Le nouveau  chef  de mission installe son P.C. dans le Niolu. Il adopte  les pseudo- nymes de Paul, Jean-Pierre, Maurice  ou Cesari.  On   compte  parmi  ses  agents Jean-Baptiste Acquaviva (4)  venu avec lui d'Alger  ainsi  que  deux de ses cousins, les    radios   Simon-Charles   Andrei   et Antoine Colonna d'Istria.

Au  début  du mois  de  juin  1943,  ainsi qu'en   témoigne    le    colonel    Joseph Alfonsi (5), "Cesari" échappe de justesse à   une    arrestation. Il  rejoint  quelques  jours plus tard un sous-marin avec lequel il avait  rendez-vous  pour  y passer vingt- quatre heures en plongée, afin de faire un rapport  verbal  sur  la situation en Corse. Ses  compagnons  restés  à  terre ayant été  surpris  par l 'ennemi,  le sous­marin par  mesure  de  sécurité  fait  route   sur Alger. Le 2 juillet, le chef de mission  est à nouveau débarqué sur l'île par le Casa- bianca avec douze tonnes d'armes des- tinées aux patriotes.

Paulin  Colonna  d'Istria  est  un   réaliste notera Maurice Choury dans son ouvrage TOUS BANDITS D'HONNEUR !.    Il fait l'inventaire de la Résistance :    quelques groupes    locaux    des      organisations "Combat",  "Francs tireurs",  un   groupe composé d'amis personnels du comman- dant  Pietri  dan la région de San-Gavino, des  anciens membres du réseau F.F.L., sans liaison entre eux. "Le Front National est  pratiquement  la  seule   organisation     de     résistance   capable d'entrer immédiatement en action"(6). Par André   Giusti,   François   Carli  et Pierre Griffi,  Paulin Colonna d'Istria entre en rapport avecle  Comité Départemental 

 

du  FN. Après la mort héroïque d'André Giusti  et l'arrestation de Nonce Benielli  et  Jean  Nicoli  il  rejoint avec  Maurice  Choury  et  Henri  Maillot   la direction du Front  National  auprès  d'Arthur Giovoni  et  de François Vittorio L'unité de la Résistance  à  laquelle  il  n'a cessé de con- tribuer se trouve ainsi pleinement réalisée. A la brusque nouvelle de la  capitulation italien- ne, le 8 septembre 1943,    l'ordre d'insurrec- tion est donné dès le 9 septembre à Ajaccio, par Maurice Choury, au nom  du Front Natio- nal. Roger   Doudon parvient à entrer en con- tact avec Alger. De Bastia, Paulin Colonna d'Istria informe de son côté le général Giraud. Des renforts  sont  annoncés  venant d'Alger. Le 11 septembre Le Patriote publie un appel qui se termine pas ces mots: "La France aux Français! L'Italie aux Italiens! L'Europe contre Hitler !"(7). Jamais, jusqu'à la libération de sa patrie,  Paulin  Colonna  d'Istria  n'aura quitté les chemins de l'honneur. Croix de la Libéra- tion en  1944, député  de l'Algérie   en  1951, nommé général en 1956, grand  officier de la légion d'honneur en 1963,  compagnon  de la libération, il décède à Toulon le 4 juin 1982.

Robert Colonna d'Istria

(1) Nicolas Colonna d'Istria (14 février 1900  - 11 mai 1992), titulaire de trois croix de guerre: 1918, 1926 (guerre du Rif), 1944 au titre de la  Résistance  qu'il  avait  rejoint  après la défaite de 1940. En 1944 il commande une unité de la gendarmerie avec laquelle il participe aux combats  de la libération du Languedoc. Nicolas Colonna d'Istria recevra le même jour que son frère Paulin, le  8 mal 1954 à Lyon, la cravate de commandeur de la légion d'honneur. Léo, le fils de Paulin Colonna d'Istria a été décoré de la croix de guerre 39/45 à l'âge de 16 ans. Lieutenant aviateur, il trouve la mort dans la guerre d'Indochine en 1952. Un cousin de Paulin Colonna d'Istria, Vincent Colonna d'Istria né le 14 août 1913 à Petreto-Bicchisano, mourra au combat à Allègre dans le Gard le 25 août 1944. A Bicchisano, la petite place au centre du village porte aujourd'hui son nom. (2) Le C.F.L.N. fut créé à Alger le 3 juin 1943. (3) Pierre Griffl, condamné à mort par le tribunal fasciste, sera exécuté à Bastia, le 18 aodt 1943, à 6H30 du matin. (4) Jean-Baptiste Acquaviva sera arrêté en juin 1943. Condamné à vingt-huit ans de réclusion, il mourra des suites des tortures subies pendant son incarcération. 

(5)Cf. Corse Matin du 4-06-83. (6) Cf. Général Giraud: Un seul but : la victoire. P. 246. (7) TOUS BANDITS D'HONNEUR! p. 141

 http://www.resistance-corse.asso.fr 


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